La ville d'Aného et ses mangroves

Des paysages bien différents

Mer & mangrove

- 23 avril 2023 -

Cet article est le quatrième et dernier de ma série sur le Togo. Cliquez-ici pour voir les autres articles.

Le lendemain matin, nous prenons la direction d’Aneho, une ville de pêcheurs située à l’est de Lomé, proche de la frontière avec le Bénin. Nous n’avons pas eu le temps de vraiment visiter la ville, nous nous sommes baladés le long du port où était amarrées les pirogues colorées des pécheurs togolais. Nous y avons mangé puis il était temps de rejoindre l’hôtel pour se reposer un peu. L’hôtel "Archange Saint Gabriel" (6.237902, 1.617350) est plutôt sympa, les chambres sont classiques mais le gros avantage c’est qu’il y a une piscine ! Nous en avons donc profité pour se relaxer dans l’eau. Le soir, nous avons mangé dans un très bon petit restaurant appelé "Délices chez Coco"(6.240107, 1.615462). Vous pourrez y déguster tous les plats traditionnels togolais ainsi que de très bons poissons.

pirogues multicolores d'Aného au Togo
Les pirogues multicolores d'Aného

Le lendemain matin, nous avons pris la direction du lac Togo. Plus grand lac du pays, il a une superficie de 13 km². Sur une de ses rives, vous trouverez la ville de Togoville connue pour être le fief du vaudouisme au Togo. Nous avons pris une pirogue pour traverser le lac, n’ayant pas de moteur, la traversée fut très calme et apaisante. Nous avons eu tout le temps d’observer le lac, ses rives et les autres pirogues naviguant autour de nous. Je vous recommande vivement d’en faire de même, il y a de très beaux moments à capturer depuis l’eau. 

pirogue sur le lac Togo
Les pirogues du lac Togo

Arrivés de l’autre côté, l’une des pirogues encore à quai est en train d’être chargée. Une petite dizaine de personnes y embarquent, suivi de gros sacs de riz puis pour finir, d’une moto ! Nous regardons la scène, amusés et attendons son départ, vérifiant ainsi qu’elle flotte correctement. A son départ, la ligne de flottaison est un peu basse mais la pirogue tient bon et elle s’en va vers l’autre rive. Après avoir profité de ce spectacle, nous nous dirigeons vers le centre artisanal de Togoville où nous attend un guide de la ville. Le centre en lui-même ressemble surtout à une boutique vendant de nombreux objets souvenirs. Si vous souhaitez ramener des objets de Togoville, je vous recommande de passer par ici. Pour la visite de la ville, il est à mon sens nécessaire d’avoir un guide. La culture est trop différente de la nôtre et vous risqueriez de manquer une grande partie de ce qui fait de ce lieu un endroit si unique. 

pirogue sur le lac Togo
On en met des choses sur une pirogue !

Comme je l’indiquais plus haut, Togoville est marqué par la pratique du vaudou. Contrairement à ce que nous fait croire les clichés de l’occident, le vaudou n’est pas une obscure sorcellerie. Cette religion est constituée de plusieurs dieux représentant les forces de la nature comme par exemple la mer, la foudre, la maladie, etc… Leur dieu suprême est appelé Mawu, il est le créateur de notre monde. Contrairement aux autres dieux, il n’a pas d’apparence. Vous ne trouverez donc jamais de peinture ou de sculpture de lui. Mawu n’est pas en contact direct avec les Hommes. Pour cela, il y a les Lwas, des divinités inférieures pouvant entrer en communication avec les humains. Parmi les Lwas les plus communs, il y a Erzulie la déesse de l’amour, Gu dieu de la guerre ou encore Hevioso dieu de la foudre. Si vous êtes intéressé pour en savoir plus, je vous recommande le livre "Vaudou : L'Homme, la nature et les dieux" de Philippe Charlier qui vous apportera plus de précision sur le sujet.
Si nous revenons sur la visite de Togoville, son charme provient de deux choses : l’importante présence du vaudouisme ainsi que sa localisation au bord du lac Togo. Pour ces deux raisons là, je vous recommande de passer y faire un tour. Avec un guide bien sûr !

Quai à Togoville au Togo
L'arrivée sur le quai de Togoville

La fin de notre voyage approchant, nous décidons de faire une dernière activité avant de revenir sur Lomé. Nous passons alors notre matinée dans les mangroves, le long de la rivière qui forme la frontière avec le Benin. Je n’ai pas retrouvé son nom, mais c’est celle qui arrive à l’Est d’Aného. Nous nous sommes rendus dans un village afin de trouver un guide. Le village n’a pas de nom sur Google mais les coordonnées GPS sont les suivantes : 6.252972, 1.640056. Nous avons ensuite suivi un sentier avec le guide pour aller jusqu’à la mangrove. 

3 femmes attendent de passer la frontière Togo-Bénin
Trois femmes attendent pour passer la frontière Béninoise.

Arrivés au bord de la rivière, une longue négociation avec les policiers locaux a eu lieu. En effet, en traversant la rivière vous passez au Bénin. Nous avons donc bien expliqué que nous ne voulions pas traverser mais seulement longer la rivière. Au bout de quelques minutes, ils ont fini par nous faire confiance et nous laisser passer. Nous embarquons alors sur le bateau et commençons à avancer sur la rivière. C’était pour moi la première fois que je voyais une mangrove, c’est une ambiance très particulière. Comme beaucoup de rivières, c’est un endroit paisible mais il se dégage quelque chose de maléfique à la fois. Les arbres aux longues branches qui plongent directement dans l’eau comme de grandes racines hors de l’eau. C’est magnifique ! 

Mangrove au Togo
Les mangroves, le long du fleuve.
oiseau dans les mangroves togolaises
Presque l'unique spécimen que nous avons croisé

Les mangroves, le long du fleuve

A notre grande déception, nous n’avons pas vu beaucoup d’animaux. On nous avait parlé de nuages d’oiseaux, avec des espèces très diversifiées. Malheureusement il n’y en avait presque aucun, ce n’était à priori pas la saison… Sur ce point d’ailleurs, les guides ne nous ont pas été d’une grande aide. Ils étaient incapables de nous dire pourquoi il y avait ou non des oiseaux. D’ailleurs ils nous ont prévenu qu’il y avait des crocodiles mais seulement tôt le matin. Heureusement pour nous ! Malgré le manque d'oiseaux à cette saison, de nombreuses choses sont à observer le long du fleuve : un pêcheur avec son filet, des traversées de pirogues ou encore des hommes naviguant en "paddle".

La vie sur le fleuve

deux hommes sur un paddle fait maison au Togo
Magnifique paddle fait maison !
Un pêcheur lance son filet au Togo
Un pêcheur en plein jeté de filet !

La fin du voyage est maintenant très proche. Nous rentrons le jeudi soir sur Lomé et nous profitons de la journée du vendredi pour regrouper nos affaires et passer au marché acheter quelques souvenirs. Nous en profitons pour prendre notre dernier repas sur la plage de Lomé, profitant d’un bon bol d’air frais au retour du marché. A la tombée de la nuit nous rejoignons un bar afin de profiter une dernière fois de l’ambiance togolaise si festive. Autour de 2h du matin, nous prenons la direction de l’aéroport afin de rentrer chez nous.

Que retenir de ce voyage ?

Notre voyage touche à sa fin. Il se termine ici après deux semaines de vadrouille dans le pays. Ce fut un voyage très enrichissant, notamment sur les rencontres que ça soit avec les enfants du village de Gapé, avec les amis de Kokou et Amelé, ainsi que l’ensemble des petites rencontres que nous avons eu la chance d’avoir tout au long de notre voyage. Côté paysage nous avons été un peu moins gâtés. Avec le vent du nord et la brume permanente, nous avons malheureusement manqué de nombreux paysages magnifiques. Mais même avec cette brume, nous avons tout de même été servi par de nombreux paysages très diversifiés allant des plaines de terre rouge, aux montages recouvertes de végétations verdoyantes. Ce voyage nous a également montré une autre manière de vivre. Loin de la société de consommation et de tout ce que cela entraine, les gens ici vivent de peu et sont heureux pour autant. Nous avons également constaté une très forte entraide ainsi qu'une aisance dans les relations sociales qui permettent au pays de fonctionner malgré le manque de moyens. 

Malheureusement, comme vous vous en doutez, tout n'est pas parfait. Pour vous donner un ordre d'idée du niveau de vie, le smic est de 52 500 FCFA soit environ 80€. Comme je l'ai expliqué plus tôt, l'eau est non potable et la nourriture souvent contaminée ce qui peut conduire à des maladies plus ou moins graves. Combiné à cela, les services de soins n'ont que très peu de moyens et les maladies comme le palu ou le sida sont très mal prises en charge et font de nombreux morts chaque année. L’espérance de vie est de 66 ans (Wikipedia) contre plus de 80 ans en France. Le domaine de l'éducation est également très touché par le manque de développement du pays. Les écoles publiques sont fuies car jugées "mauvaises" et les écoles privées sont payantes et donc accessibles qu'à une petite partie de la population. Cela conduit à un taux d'alphabétisation de seulement 66% pour les plus de 15 ans (Wikipedia, 2015). Pour finir, les valeurs d'entraide et de proximité dont je parlais juste au dessus, ne s'appliquent pas à tout le monde. Elles ne sont valables que pour les personnes "normales". Les homosexuels, les personnes atteintes de handicap ou encore toute personne soupçonnée de pratiquer de la magie noire, sont tout simplement rejetées de la société en étant ignorées et moquées par leur propre communauté.

Pour conclure sur ce voyage, on peut dire que ce pays est magnifique, peuplé de personnes arborant une culture passionnante mais dont le manque d'investissement dans les structures publiques entraine un clivage important entre les différents milieux de la population. C'est un pays qui se visite en prenant son temps, à travers des rencontres et des paysages que vous ne découvrirez jamais dans nos contrées.

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Les environs de Kpalimé au Togo
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